Saturday, February 18, 2012

Guillaume Apollinaire - Selected Poems

Guillaume Apollinaire

Le Pont Mirabeau

Le Pont Mirabeau
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Audio of Apollinaire reading Le Pont Mirabeau:

The Mirabeau Bridge
Under the Mirabeau bridge flows the Seine
And our loves
Must I remember them
Joy always followed pain

The night falls and the hours ring
The days go away I remain

Hand in hand let us stay face to face
While underneath the bridge
Of our arms passes
The water tired of the eternal looks

The night falls and the hours ring
The days go away I remain

Love goes away like this flowing water
Love goes away
Life is so slow
And hope is so violent

The night falls and the hours ring
The days go away I remain

Days pass by and weeks pass by
Neither past time
Nor past loves will return
Under the Mirabeau bridge flows the Seine

The night falls and the hours ring
The days go away I remain



From Calligrammes:

Il Pleut



It’s Raining (a digital rendition)


It’s Raining 
It’s raining women’s voices as if they had died even in memory
And it’s raining you as well marvellous encounters of my life O little
drops
Those rearing clouds begin to neigh a whole universe of auricular cities
Listen if it rains while regret and disdain weep to an ancient music
Listen to the bonds fall off which hold you above and below


Mon Coeur (My Heart)





La Jolie Rousse
Me voici devant tous un homme plein de sens
Connaissant la vie et de la mort ce qu'un vivant peut
connaître
Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l'amour
Ayant su quelquefois imposer ses idées
Connaissant plusieurs langages
Ayant pas mal voyagé
Ayant vu la guerre dans l'Artillerie et l'Infanterie
Blessé à la tête trépané sous le chloroforme
Ayant perdu ses meilleurs amis dans l'effroyable lutte
Je sais d'ancien et de nouveau autant qu'un homme seul
pourrait des deux savoir
Et sans m'inquiéter aujourd'hui de cette querre
Entre nous et pour nous mes amis
Je juge cette longue querelle de la tradition et de l'invention
De l'Ordre et de l'Aventure

Vous dont la bouche est faite à l'image de celle de Dieu
Bouche qui est l'ordre même
Soyez indulgents quand vous nous comparez
A ceux qui furent la perfection de l'ordre
Nous qui quêtons partout l'aventure

Nous ne sommes pas vos ennemis
Nous voulons vous donner de vastes et étranges domaines
Où le mystère en fleurs s'offre à qui veut le cueillir
Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues
Mille phantasmes impondérables
Auxquels il faut donner de la réalité
Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait
Il y a aussi le temps qu'on peut chasser ou faire revenir
Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières
De l'illimité et de l'avenir
Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés

Voici que vient l'été la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps
O Soleil c'est le temps de la Raison ardente
Et j'attends
Pour la suivre toujours la forme noble et douce
Qu'elle prend afin que je l'aime seulement
Elle vient et m'attire ainsi qu'un fer l'aimant
Elle a l'aspect charmant
D'une adorable rousse

Ses cheveux sont d'or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les rose-thé qui se fanent

Mais riez riez de moi
Hommes de partout surtout gens d'ici
Car il y a tant de choses que je n'ose vous dire
Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire
Ayez pitié de moi.


The Pretty Redhead
Here I am before you all a sensible man
Who knows life and what a living man can know of death
Having experienced love's sorrows and joys
Having sometimes known how to impose my ideas
Adept at several languages
Having traveled quite a bit
Having seen war in the Artillery and the Infantry
Wounded in the head trepanned under chloroform
Having lost my best friends in the frightful conflict
I know of old and new as much as one man can know of the two
And without worrying today about that war
Between us and for us my friends
I am here to judge the long debate between tradition and invention
Between Order and Adventure

You whose mouth is made in the image of God's
Mouth that is order itself
Be indulgent when you compare us
To those who were the perfection of order
We who look for adventure everywhere

We're not your enemies
We want to give you vast and strange domains
Where mystery in flower spreads out for those who would pluck it
There you may find new fires colors you have never seen before
A thousand imponderable phantasms
Still awaiting reality
We want to explore kindness enormous country where all is still
There is also time which can be banished or recalled
Pity us who fight always at the boundaries
Of infinity and the future
Pity our errors pity our sins

Now it's summer the violent season
And my youth is dead like the springtime
Oh Sun it's the time of ardent Reason
And I am waiting
So I may follow always the noble and gentle shape
That she assumes so I will love her only
She draws near and lures me as a magnet does iron
She has the charming appearance
Of a darling redhead

Her hair is golden you'd say
A lovely flash of lightning that lingers on
Or the flame that glows
In fading tea roses

But laugh at me
Men from everywhere especially men from here
For there are so many things I dare not tell you
So many things you would never let me say
Have pity on me

Douces figures poignardées chères lèvres fleuries
The Stabbed [bleeding] Dove (top image) -- with spread wings
and the Fountain [jet of water] (bottom image), with the water coming out of a vase (and which echos the wings of the dove).

Rearranged in a conventional fashion:

Douces figures poignardées chères lèvres fleuries
Mya Mareye
Yette et Lorie
Annie et toi Marie
Où êtes-vous ô jeunes filles
Mais près d'un jet d'eau qui pleure et qui prie
Cette colombe s'extasie

Tous les souvenirs de naguère
O mes amis partis en guerre
Jaillissent vers le firmament
Et vos regards en l'eau dormant
Meurent mélancoliquement
Où sont-ils Braque et Max Jacob
Derain aux yeux gris comme l'aube
Où sont Raynal Billy Dalize
Dont les noms se mélancolisent
Comme des pas dans une église
Où est Cremnitz qui s'engagea
Peut-être sont-ils morts déjà
De souvenirs mon âme est pleine
Le jet d'eau pleure sur ma peine.
Ceux qui sont partis à la guerre
au Nord se battent maintenant
Le soir tombe Ô sanglante mer
Jardins où saignent abondamment
le laurier rose fleur guerrière.


gentle faces stabbed dear flowered lips
(names)
Where are you O young girls
But near a fountain that cries and that prays
This dove is in ecstasy

All the memories of longing / of my friends gone to war

Those who left for the war in the North are fighting now
Night falls O! blood-dreched sea
Gardens where bled in abandon
the laurel rose flower of war



Dont la forme évoque la tour Eiffel



Salut monde dont je suis la langue éloquente que sa bouche Ô Paris tire et tirera toujours aux allemands

Hi world I am the eloquent tongue that shoots his mouth Oh Paris and will always take the German


Reconnais-toi

Reconnais-toi
Cette adorable personne c'est toi
Sous le grand chapeau canotier
Oeil
Nez
La bouche
Voici l'ovale de ta figure
Ton cou exquis
Voici enfin l'imparfaite image de ton buste adoré
                                       vu comme à travers un nuage
Un peu plus bas c'est ton coeur qui bat


Recognize yourself
This adorable nobody it is you
Under the big hat boater
Eye
Nose
The mouth
Here is the oval of your face
Your exquisite neck
Here is finally imperfect picture of your loved torso
                                       seen as across a cloud
A little more low it is your heart which beats


More at:
http://www.poets.org/poet.php/prmPID/737
http://www.wiu.edu/Apollinaire/
http://en.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Apollinaire
http://wikilivres.info/wiki/Guillaume_Apollinaire
http://wordsandeggs.wordpress.com/2008/10/27/apollinaires-calligrammes/
http://www.guillaume-apollinaire.fr/calligrammes.htm

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